Proche de la nature, j’ai débuté il y a une quinzaine d’années un travail autour du thème de l’arbre que j’ai peu à peu délaissé pour m’intéresser à la figure.

Sans modèle et ne voulant pas forcément travailler d’après des documents photographiques, je suis parti du visage que je dessine d’imagination en toutes circonstances presque machinalement.

Je me suis aperçu que des têtes de profil  sous forme de crayonnés s’inscrivaient et revenaient sans cesse comme si ma main dessinait libérée de toute intention.

J’ai voulu porter ces personnages en peinture en gardant la spontanéité et la fraîcheur du dessin rapidement esquissé avec un trait ferme et incisif.

Ma formation en Arts graphiques (École Penninghen) m’a amené à me concentrer sur l’aspect graphique d’une figure, plus particulièrement sa silhouette en découpe sur le fond qui vise à créer un jeu subtil de pleins et de vides.

Obsession des nez, fixation sur les mentons et les fronts, courbes et contrecourbes, angles plus ou moins aigus définissent les contours de mes visages auxquels je donne aussi une expression.

Des têtes sans regard, proches de la caricature, des figures grotesques font référence à toute une iconographie que l’on trouve dans l’histoire de l’art, de l’imagerie médiévale jusqu’aux artistes de la Renaissance (comme Piero della Francesca). Ces derniers ont peint des visages de profil et saisi la personnalité et le caractère propre à chaque modèle, ou bien créé des typologies d’individu (Jérôme Bosch) qui expriment les passions, les déviances, les tares de leurs contemporains. Plus proches de nous, les peintres expressionnistes comme Max Beckhman, Otto Dix ou Georg Grosz m’ont  marqué par leur regard plein d’humour et d’excès porté sur la société de leur époque, mais toujours juste et réaliste.

Je peints à l’huile sur toile, technique qui me permet des nuances dans le traitement subtil des couleurs (fondus, dégradés…) et des effets de matière avec peu d’épaisseur, donc plutôt en jus.

La couleur peut être changeante suivant son exposition à la lumière et rendre la toile davantage vivante.

Travailler le visage par la silhouette me permet d’être créatif dans le dessin des formes en plus d’être expressif au niveau de la couleur. Le fait d’associer plusieurs visages dans une même composition vise à créer des liens entre eux à la fois sur le plan plastique voir psychologique.